les désillusions de l'éducation nationale

Publié le par popo

Et voilà à l'heure actuelle, je fais un gros burn out / dépression.

Je l'ai vu arriver ? oui et non je dirai...

J'avais des signes dont j'avais pleine conscience et que je jugeai anormal mais je les mettais de coté pour TENIR, tel était mon mot d'ordre, oui TENIR, tenir sur la branche, tenir la corde pour arriver jusqu'au bout...

Je suis à un stade d'analyses et de remis en questions.

Je fais le tour du positif et du négatif et voici mes conclusions :

-les élèves : j'ai eu 3 niveaux dans mes 3 ans de carrière : MS, MS-GS, CE1. J'ai eu des moments excellents, des élèves attachants, travailleurs, avec qui je pouvais me montrer taquine-rigolote et d'autres qui m'insupportaient, qui me faisaient vivre l'enfer, qui me faisaient perdre patience et qui m'amenaient à me dire cette année : " qu'est ce que je fous là ? Pourquoi je fais tout ce travail ?" Des gamins qui osent me répondre quand je donne une enquete en géographie " j'ai pas eu le temps !" Là, j'étais furieuse !!! " tu n'as pas eu le temps ? Et moi qu'est-ce que je vais dire ? Entre mon cahier journal, mes fiches de prep, les corrections, les préparations d'exercices, les progressions, les dossiers administratifs, les bulletins et c'est TOI qui n'a pas le temps ?"

-les parents : j'en ai eu des corrects, qui me laissaient faire la classe sans m’embêter, me faisant confiance je pense et voyant que je n'étais pas une tire-au-flan, j'ai eu même des moments bonheur qui font plaisir : "quoi vous ne serez plus là l'année prochaine, j'aurai adoré que ma fille vous ait comme enseignante car ma nièce vous adore" ; " Manon vous adore, vous êtes sa maîtresse préférée" ; " Emma pleurait sans cesse l'année dernière pour aller à l'école, cette année, elle est transformée, elle veut même aller à l'école le samedi ! " et sans parler des cadeaux de fin d'année qui font toujours plaisir. ( on ne demande rien, on n'attend pas après ça, mais cette intention fait chaud au coeur ) et puis j'ai eu des parents nocifs : parents qui viennent vous trouver toutes les 5 minutes pour un oui ou un non ( sans trop d'importance par exemple changer de place leur enfant) des parents qui repassent derrière mes corrections de cahier et qui VALIDENT ma correction .... ( là, qu'est ce que je suis vexée !!!!), des parents qui critiquent mes apprentissages et mes façons de faire et des parents qui écrivent des lettres cousues de fautes d'orthographe à l'inspection académique, un tissu de mensonge sorti de nulle part. Et évidemment un tel courrier a ses conséquences : réunion avec les dits parents + conseiller pédagogique + directeur + inspecteur + l'enseignant évidemment. Meme si ce jour là j'ai été DEFENDUE, il m'était impossible d'enlever ce sentiment d'avoir l'impression d’être l'accusée devant le tribunal. accusée enceinte, dans un effroi total et une panique immense qui lui ont provoqué un pic de stress et de la tension. C'est bien pour une femme enceinte !!!!!!!

-les collègues: dieu merci j'en ai rencontré des biens, des collègues qui conseillent, qui épaulent, qui s’intéressent, qui aident, qui partagent, qui t'aident à décompresser, qui rigolent avec moi et puis d'autres qui me disent de passer dans ma classe prendre des mesures pour des tapis pour le coin bibliothèque alors que j'étais en arrêt ( et que j'ai fait bêtement) et qui m'appelle aussi pendant mon arrêt non pas pour prendre de mes nouvelles mais pour me donner des ordres ou demander tel ou tel renseignement, des collègues qui ne m'incluent pas dans le " clan" malgré les efforts, qui répondent "oui/non" et quand j'ai de la chance j'ai le droit à un sujet-verbe- complément mais faut pas en demander plus. Comme les surveillances de récréation étaient longues ! Dans un silence d'adulte morbide interrompu quand même par les interventions des enfants " Madame, Machin il m'a donné un coup de pied, Truc il m'a dit un gros mot, Bidule il m’embête !" Des collègues qui soutiennent A+B que ceci cela et c'est le directeur qui doit intervenir pour montrer que c'est moi qui aie raison, des collègues qui ne me demandent jamais comment s'est passée la visite avec le conseiller pédagogique, des collègues qui pètent un câble à 8h du matin suite a mes absences ( d'ailleurs au passage on n'a jamais pris de mes nouvelles, même quand j'ai fait un séjour à l’hôpital dans un état grave), suite a cela, on me retournait des regards fusilleurs et on ne me disait plus bonjour, des collègues qui ne s'assoient même pas à coté de moi lors des animations pédagogiques. Je me suis retrouvée à coté de collègues étrangers avec qui j'ai rigolé au lieu de mes PROPRES collègues.... logique ?

-la hiérarchie : les conseillers pédagogiques ( CPC) ne sont pas nos supérieurs hiérarchiques mais des collègues en charge de nous prodiguer des conseils. Pour moi ( et pour beaucoup d'autre,) ce sont les espions de l'inspecteur, j'en ai eu 4 de CPC. 3 sont arrivés à me donner de réels conseils qui m'ont permis d'avancer, d'apprendre, 3 qui ont vu ma BIENVEILLANCE, mon EMPATHIE, mon SERIEUX, ma POSTURE PROFESSIONNELLE INDENIABLE, ma BONNE GESTION DE CLASSE, ma MOTIVATION, mon PLAISIR D'ENSEIGNER, mes PROGRES et 3 qui ont écrit noir sur blanc que je ferai une très bonne enseignante... Et puis le 4ème qui vous dit, quand vous demandez de l'aide pour la gestion de classe ( car la classe est ultra bavarde et usante) " c'est de ta faute ! Et puis ce sont des gosses c'est normal qui ne respectent pas le règlement de la classe", qui vous dit que vous n'avez pas la posture professionnelle, que vous n’êtes pas bienveillante avec les élèves, que niveau apprentissage vous êtes à coté de la plaque, qui vient vous chercher sans prévenir un matin de reprise suite à un arrêt maladie, pour vous emmener en stage d'observation... Le sentiment d'humiliation est immense face aux élèves, au directeur, aux parents, il me manquait les menottes. Donc on vous place en stage au fond de la classe comme au bon vieux temps de l'IUFM alors que vous êtes ENSEIGNANTE !!!!!! Quelle humiliation !!!! Puis on ne vous envoie pas le bulletin de visite de novembre, ni celui de janvier ( où là, on craque face à lui, en pleurs, à ramasser à la petite cuillère)

alors oui, il y a eu du positif et heureusement mais tout le négatif est tellement puissant qu'il a un impact maximum et efface le reste.

Je suis rincée, anéantie, l'ombre de moi-même, complètement détruite, broyée, déçue, en colère.

J'avais un formateur qui disait " vous devez être un roseau qui se plie mais ne se rompt pas" suis -je pliée touchant le sol ou suis-je rompue ? Il disait aussi " lIUFM est votre prison dorée" qu'est ce qu'il avait raison !!!!!!

à l'heure d'aujourd'hui, tout ce qui touche à l'école me rebute, je zappe quand j'entends un reportage à la télé, je détourne la tète quand je passe en voiture devant un établissement scolaire.

Suis-je faite pour enseigner ? Peut-être aurai-je été une maîtresse idéale au siècle dernier, là où les maîtres étaient respectés, avaient encore de l'autorité et qu'ils n'avaient qu'un rôle, celui d'instruire (aujourd'hui faut être psy, assistant social, éducateur, administrateur et s'il reste du temps enseignant) a présent, je ne sais plus répondre à cette question qui était pourtant si évidente il y a 2 ans...

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